Le MBTI est une exploration splendide pour comprendre rapidement les différences de tempéraments et de réactions de chacun devant une situation. Il y a de nombreuses façons de réagir devant une même situation : avec créativité, directivité, adaptabilité, en mettant les personnes au premier rang, ou au contraire l’objectif. Comme à l’armée, où c’était plutôt : « je ne veux voir qu’une seule tête ! ». Dans le genre escadrons de zèbres ! L’Entreprise, ce n’est pas l’armée, même s’il y en a encore quelques-unes à la traine. Cette diversité de tempéraments est une mine d’or à dévoiler et à mettre en valeur.
Les personnalités et les rythmes, révélés par le MBTI
Les équipes sont composées de personnalités très différentes, même si parfois c’est un peu exigeant et lourd à porter. Certaines personnalités dominent, d’autres plus secrètes sont à découvrir pour mieux les mobiliser. Cela permet de construire une harmonie dynamique, avec un enrichissement mutuel. Bien sûr, un peu de méta-communication sur l’importance de valoriser les différences va accélérer la prise en conscience de cette richesse. Cela transforme aussi le plaisir à travailler ensemble (vs. se côtoyer, voire se supporter). Et cela favorise en fait l’efficacité de l’équipe à moindre effort !
Les motivations profondes sont parfois évidentes, parfois subtiles. C’est donc tout l’intérêt de mener des entretiens de prise de contact. Avec des questions ouvertes précises : « Qu’est-ce qui te motive le plus dans ton travail ? … Et le moins ? » Puis les entretiens réguliers seront autant d’occasions de refaire clarifier ce qui motive chacun, au-delà des objectifs de l’activité. Pour certains, les objectifs ne seront bien assimilés qu’après qu’ils se sentent reconnus par leur boss, autant dans leurs centres d’intérêts que dans leurs inappétences. Normal, c’est humain !
Les rythmes varient entre individus. Cela est dû aux différences de tempérament. Du coup, il faut ajuster les degrés de liberté pour avancer ensemble. Un Manager en prise de poste va donc veiller à donner à ses collaborateurs de la liberté et de l’autonomie autant que possible. C’est un moyen de mieux mobiliser les énergies. Le rythme hebdomadaire, cadencé par des réunions d’équipe structurées, permet à chacun de s’organiser à son rythme dans un cadre collectif.
Il y a plusieurs façons d’arriver aux résultats, bien sûr ! Ils seront d’autant meilleurs que chacun s’appuiera sur le meilleur de lui-même, sincèrement soutenu par son Manager.
Des motivations très diverses, ou « préférences » selon le MBTI
Les typologies de personnalité de Jung, mises en évidence dans le questionnaire MBTI, offrent un bel éclairage sur les préférences et les « faiblesses » de chacun, donc sur les complémentarités à trouver entre Manager et subordonnés.
Un Manager en prise de fonction sera attentif, par exemple, aux différentes personnalités :
- Les introvertis préfèrent s’exprimer par écrit, ou en aparté, alors que les extravertis vont dynamiser les réunions, au risque de les monopoliser. Comme un Manager a intérêt à recueillir les idées de tous, il va donner la parole à chacun. Et organiser les brainstormings avec des post-it que chacun remplit individuellement. Puis il les fait mettre en commun en regroupant les idées similaires. Il est ainsi sûr que les introvertis se seront exprimés.
- Le créatif aime faire bouger les choses, le stratège aime donner et suivre un cap. On peut les repérer par le contenu de leurs interventions et recueillir particulièrement leurs idées et avis sur les sujets de changement. A contrario, le créatif peut s’ennuyer quand il faut suivre un cap rigide, et le stratège peut être gêné par les idées nouvelles et fréquentes d’un créatif.
D’autres préférences encore bien différentes voire opposées
- Il y a aussi l’adaptatif, et le « mémoriseur« . J’en ai rencontré des deux types ! Le premier avait une patronne réputée infernale de l’avis de la DRH, et lui, super adaptable, m’avait simplement dit « oh, elle est un peu spéciale ». La deuxième m’a également scotché en 8e session de coaching en me disant qu’elle pouvait me répéter au mot près ce que je lui avais dit dans les premières sessions. Le premier s’ennuie dans un environnement stable. Et la 2e a du mal à suivre dans des Entreprises en réorganisation permanente. En effet, le savoir-faire du passé a moins de valeur dans un secteur très évolutif comme les HiTech. En revanche, la personne-mémoire d’une équipe s’intéresse à la connaissance et l’historique. Elle est donc utile pour valoriser l’ancienneté et la culture de l’Entreprise dans un secteur de tradition : « Since… »
- Il y a ceux qui décident de façon rationnelle et ceux qui décident au feeling, juste l’opposé encore ! Ils peuvent donc avoir du mal à se comprendre. Et pourtant, leur mode de décision leur paraît si naturel à chacun…
- Il y a ceux qui aiment planifier et terminer rapidement leurs activités les unes après les autres, comme dans un Service qui gère des processus. Et d’autres qui aiment le multi-tasking sans planning comme dans un Service Après-vente.
- L’organisateur allié au rassembleur peuvent ensemble générer un bel effet d’entrainement. Ils sont à l’aise pour : planifier et mettre en œuvre pour l’un, et embarquer les individus pour l’autre.
- Le modélisateur va réfléchir et va débrouiller un problème, et le convaincant va facilement se faire entendre et convaincre. Un Manager va donc les encourager à décortiquer les ratés pour l’un, et à convaincre des bonnes solutions pour l’autre.
- Le rebelle est comme un moteur qui tourne à l’envers, il a beaucoup d’énergie… à canaliser, nous reviendrons sur cette personnalité. Son Manager va d’abord l’écouter avec sincérité pour l’aider à se rallier.
Le fonctionnement des individus sous stress, un autre éclairage du MBTI
Sous stress, quand il y a urgence, un Manager voit bien que les personnalités se raidissent, perdent en flexibilité. Les individus vont se mettre à boucler en « mono-mode », sur la caractéristique « dominante » du tempérament MBTI de chacun. Cela réduit les possibilités de collaboration au sein de l’équipe. Son rôle est donc de limiter le stress par différents moyens…
Dans tous les cas, il prévoit périodiquement des entretiens de clarification en face-à -face, donne du feedback sur ses perceptions. Il demande également à ses collaborateurs de s’exprimer en sollicitant leur feedback.
Il aborde au plus tôt les petits griefs qui gratouillent avant qu’ils ne démangent franchement, lui ou le collaborateur. Surtout, il n’attend pas l’entretien annuel, même si c’est un cadre réglementé.
Recenser les tempéraments du MBTI
Le Manager peut formaliser les compétences de chacun pour permettre de développer les compétences de son équipe grâce à des binômes de transmission croisée des savoir-faire. Cela développe aussi du lien et de la cohésion.
Une matrice de compétences met en correspondance les compétences et les personnes, ainsi que les niveaux de compétence identifiées, de 0 à 3. Cela permet de visualiser les déficits de compétences de l’équipe ou le manque de polyvalence. Ceci pour créer des complémentarités, lancer des formations croisées ou extérieures.
Le cumul des scores des niveaux de compétences permet périodiquement au Manager et à chacun de visualiser la progression de l’équipe en niveau et en autonomie. Et ainsi adapter le rythme des besoins de formation.
Dans cet article, nous sommes sur les compétences liées aux tempéraments (aux préférences du MBTI) d’une équipe. Vous pouvez les recenser spécifiquement et mettre en évidence les redondances ou les carences. Pour illustrer cela, j’ai fait un séminaire MBTI à une équipe de codir. Sur 8 manageurs, un seul avait une perception globale, les 7 autres avaient une perception visuelle spécifique. Pas si étonnant pour des ingénieurs, et cette prise de conscience a été enrichissante pour tous.
Exemplarité et rôle-modèle du Manager en prise de poste
Le Manager montre aussi l’exemple en dévoilant son style, ses préférences, y compris ses « faiblesses ». Il sera surpris de constater que ses collaborateurs se mobilisent pour l’aider à atteindre l’objectif commun, quand il reconnaît une de ses limites.
Il aura compris que son rôle n’est pas d’être un homme-orchestre, mais d’animer l’orchestre. Sa première caractéristique n’est pas nécessairement d’être expert comme ses collaborateurs. Exit, le micro-management ! Mais il est clairement central pour montrer la direction et clarifier les objectifs, mobiliser autour de ces objectifs, améliorer l’organisation, pour faciliter l’Activité, anticiper les problèmes, …
Ce sont autant de sujets que je développe dans d’autres articles.
Concrètement
Quels points d’attention avez-vous remarqués dans cet article qui vous posent question, ou vous challengent pour mettre en place un management plus personnalisé en fonction des tempéraments de chacun ?
Une dernière question : plus belle la vie, en noir et blanc, ou en couleurs ?