Le burnout, ou effondrement professionnel, a des conséquences lourdes, longues et coûteuses. Le terme est explicite et le cercle est vicieux ! Donc, optez pour la prévention ou prenez la tangente !
Avez-vous démarré sur les chapeaux de roue ?
Votre période d’intégration a été un déversoir ? Vous en avez reçu une benne pleine, pour différentes raisons : surcharge temporaire ou permanente de l’Entreprise, poste vacant trop longtemps, Entreprise sous-staffée, vous vous êtes survendu, etc… ? De plus, vous enchainez peut-être cette prise de poste sans break à la suite du poste précédent. Alors que votre corps et votre tête en auraient eu bien besoin ? Et que, à la réflexion, vous rejouez tout seul votre scénario de l’effondrement. Vous avez bien décidé de prendre ce nouveau job, n’est-ce pas ?
Du coup, tout ce vous avez plus ou moins décidé se rejoue pour vous : vous « subissez » la pression du résultat : « je n’ai pas le choix » ! Votre N+1 se révèle exigeant. Et vous trouvez un wagon d’« excuses » : « c’est temporaire, je dois apprendre, les choses se mettent en place, je vais m’organiser, on est en train de recruter l’équipe, … » Vous avez aussi le sentiment de ne pas pouvoir refuser la taille des objectifs vs l’économie de moyens. Ou bien vous avez le sentiment du devoir. Devoir personnel de vous épuiser ?! Ou bien toute l’entreprise fonctionne comme ça, d’autres aussi sont sous pression. Devoir collectif ?!
Votre vie privée en est dégradée, mais vous vous dites encore que c’est normal, sans reconnaître que ce temporaire est durable !
Deux exemples sur le burnout
Un client me disait récemment : « je suis en pré-burnout, mais je maîtrise » ! Quoi ?! Il se voit sombrer, se noyer. Il boit déjà la tasse ! En maîtrisant quoi ?!
Autre exemple, un ami avait fait un burnout « soudain », m’appelant en pleine nuit. Je m’étais retrouvé à aller à la pharmacie 24/24 sur les Champs Elysées à 3h du matin pour lui chercher un médoc, puis rentrer chez moi terminer ma nuit, étant d’aucune autre utilité. Après quelques mois de replâtrage, il m’avait juré : « Plus jamais ça ! Ma boite est dingue ! » Sauf que 2 ans plus tard, toujours salarié de la même boite, et n’ayant pas fait de travail sur lui, un 2e burnout l’a attrapé, tout aussi soudain, avec des symptômes extrêmes de vertiges dans toutes les positions. Après des quantités de mois d’arrêt, arrêt de travail définitif, et lui dans un triste état émotionnel et physique. 2 dénis en fin de compte.
Le burnout, le vrai, ne prévient jamais : les semaines et jours qui précèdent l’effondrement professionnel ont des allures de déni et d’obligation. Il est multi-factoriel, et tristement bien connu des spécialistes. Les traitements et le business qui va avec sont (hélas et) heureusement aujourd’hui rodés pour réparer très lentement les gros dégâts humains, ou mieux, prévenir le burn-out
Et puis, si vous avez déjà « burnouté » et pas travaillé sérieusement sur vous, vous reproduisez très probablement les conditions pour en refaire un, tout comme les serial-dépressifs qui ne travaillent pas leurs causes profondes et qui replongent dès qu’ils arrêtent les médocs.
Quelques indicateurs implacables du burnout qui pointe
- Vous dormez mal : vous mettez longtemps à vous endormir, ou vous vous réveillez en pleine nuit, pendant 1h ou plus. Ou bien, vous vous réveillez trop tôt, à 4h du matin par exemple.
- Vous travaillez trop, constamment, plus de 11h par jour, après le dîner et le weekend aussi.
- Votre efficacité au travail diminue malgré vos efforts : difficultés à vous concentrer, oublis, erreurs.
- Vos livrables ne sont pas à la hauteur des attentes et cela ne s’arrange pas.
- Vous vous dites que vous n’avez pas le choix ! Ou bien, vous vous rassurez en disant que c’est passager, même si ça dure déjà et que c’est insupportable !
- Vous perdez votre objectivité. Les mises en gardes qu’on vous fait (pro ou perso) glissent sur vous.
- Vous culpabilisez de ne pas … ? (Vous terminez la phrase)
- Vous devenez cynique sur vous-même et sur le reste.
Les 2 grands facteurs qui co-construisent le burnout
Deux catégories de facteurs, qui rendent difficiles d’identifier une cause à coup sûr, se co-construisent et résonnent ensemble :
- Votre environnement vous met la pression, parce que vous êtes dans une Entreprise exigeante, ou sous pression, ou parce que votre seul N+1 vous met la barre très haut.
- Votre propre tempérament qui « répond bien » à cet environnement :
- Vous vous mettez la pression pour être parfait, pour être irréprochable, pour tenir des objectifs élevés.
- Vous avez un sens de l’engagement élevé qui précisément vous empêche de revenir sur vos engagements.
- Vous avez un tempérament « travaillomane » -workoholic en anglais. C’est pas joli-joli, mais ça parle de plaisir et d’addiction !
- Vous voulez toujours faire plaisir, surtout à votre N+1, voire aussi à vos N- (vous ne voulez pas trop les charger, vous d’abord !)
- Vous craignez de ne pas être « assez » aux yeux des autres, et d’être rejeté. Être rejeté de la rat race ?!
- Vous pouvez ressentir des peurs, mais vous les minimisez ou vous les niez.
En amont de votre prise de fonction, et pendant
Si vous êtes en amont de votre prise de poste, ne vous survendez pas. Certes, vous avez besoin d’un job, mais pas dans n’importe quelles conditions, ni au-dessus de vos forces. Si votre employeur a du mal à trouver la perle rare et que vous la lui présentez bien enrobée sur un plateau d’argent, il va se servir à vos dépens !
Pendant votre prise de fonction à un niveau plus haut de Management, la première des décisions, c’est de lâcher vos types d’activités précédentes, sinon vous allez doubler votre charge de travail. Concentrez-vous sur vos apprentissages et vos nouveaux rôles et responsabilités, rien d’autre. Et si c’est déjà trop, renégociez vos objectifs (ou les moyens) au plus tôt. Tenez bon, sinon plus dure sera la chute pour vous.
Si vous sentez que le terrain est franchement glissant, mesurez vos indicateurs parmi ceux mentionnés plus haut, et fixez-vous vos limites sur un écrit daté et partagé avec une personne de confiance, tout simplement ! Faites-vous votre plan d’action. Mesurez les indicateurs à nouveau chaque semaine pour objectiver la descente vers l’enfer que vous pourriez nier, ou la remontée à la surface si votre plan d’action est réaliste. Partagez encore ces mesures avec un proche de confiance.
Les cimetières sont pleins de gens indispensables, donc profitez de la vie, humainement et à votre mesure, selon cette sagesse Toltèque « Fais de ton mieux ». Vous pouvez laisser à d’autres la panoplie du robot-manager en zone rouge.
Préparer la tangente du burnout
Pouvez-vous trouver un microgramme de courage, ou de simplicité, pour décider que vous devez réagir vite ? Vous n’êtes ni superman/superwoman, ni une machine, ni un fantassin, ni un esclave, n’est-ce pas ?
Si vous avez charge de famille : votre famille vous préfère en bonne santé, avant vos obligations de leur garantir un train de vie le plus confortable possible. Que vaudraient des belles vacances si, 2 mois plus tard, Papa ou Maman habite à l’hosto pendant des mois ?
Si vous n’avez pas charge de famille, vous avez un cercle d’ami ou familial qui vous aime en bonne santé. Et si vous être vraiment seul au monde, vous avez le droit de vivre longtemps. Dans un de mes jobs précédents, un jeune consultant abruti de travail et de café, s’est écroulé sur son bureau un jour à 17h, rupture d’anévrisme fatal.
Si vous pouvez ressentir une peur sournoise, la honte qui pourrait poindre, pouvez-vous accepter que vous valez mieux que de redouter le regard de quiconque, pour être parfait, pour faire plaisir, pour être irréprochable… ? Respirez ! Soufflez ! Faites-vous accompagner par un pro, dont le regard extérieur vous renverra le miroir de votre état, avec bienveillance et détermination si vous demandez de l’aide.
Même si vous avez un peu sur-joué pendant la période de recrutement, aujourd’hui, personne ne vous oblige à aller vous fracasser dans le mur.
… Et prenez la tangente !
Première étape pour initier le changement : reconnaissez la pente glissante, votre fatigue, vos autres symptômes, votre impuissance à changer, les mises en garde de la famille ou des amis. Bref, sortez du déni, humblement. Savourez l’humilité ! Ça détend !
Du coup, pas plus d’hésitation, prenez rendez-vous avec votre médecin pour demain, le ciel peut attendre ! Vous aurez ainsi le soutien d’un professionnel extérieur à votre environnement, neutre, ni pro ni perso. Tentez l’expérience honnête de vous ouvrir et de vider un peu votre sac.
Vous pouvez ensuite demander un entretien avec votre N+1, pour poser la situation que vous avez niée jusqu’à présent et lui demander de l’aide, d’une manière ou d’une autre : reporter des échéances, demander des arbitrages, des ressources supplémentaires, …
Et acceptez, a priori, que peut-être, il ne vous donnera rien ! (Il est peut-être atteint lui-même d’un petit souci pro)
En dernier ressort, négociez une rupture conventionnelle, avec un outplacement pour rebondir, le moment venu, de la bonne façon. Autorisez-vous à imaginer votre vie débarrassée de votre prison dorée (?) actuelle.
Alors ? …
Si vous avez lu cet article jusqu’au bout, c’est que vous êtes concerné.
Sur une échelle de 1 à 10, en termes d’épuisement, honnêtement, c’était à combien autrefois ? Et aujourd’hui ? Dans la zone rouge ?
Si vous-même êtes concerné, quelle est le plus petit pas que vous pourriez faire pour sortir du cercle vicieux et commencer à prendre la tangente ? Pouvez-vous simplement le tester, en m’accordant votre confiance ?
Si un tiers proche est concerné, soit pro, soit perso, passez-lui cet article. Le changement vient souvent d’un déclic intérieur. Dans un cas d’urgence imminente, quelle décision pouvez-vous prendre à sa place, lui « imposer », pour lui éviter de sombrer davantage ?